Quelle est l’importance à l’époque du poste de Maître Notre-Dame de Paris ?
Notre-Dame de Paris est la première cathédrale de France ! Si l’on parle surtout de la cour et de La Chapelle royale, Notre-Dame offre une vie musicale de premier plan, bien que moins connue. C’est un haut lieu de la musique polyphonique et chorale. Loin des ors de la cour, c’est pourtant une musique somptueuse et solennelle qui s’y déploie !
Vous avez choisi un Requiem dans ce programme, c’est un peu étonnant pour une ouverture de festival ?
Campra est né à Aix et restera toute sa vie un homme du sud. Son Requiem est à l’opposé de ce qu’on attend d’une messe des morts (des lamentations, des plaintes et des pleurs)… On dirait que sous sa plume, seules comptent les paroles « et lux perpetua » et de cette dernière prière jaillit un chant plein de lumière, de joie à l’idée de gagner le paradis. C’est oeuvre purement radieuse !
Avec Correspondances, vous aimez faire découvrir des raretés. Quel a été votre parti pris dans la sélection des maîtres que nous écouterons ?
Tous ces compositeurs que vous allez (probablement) découvrir ont exercé, et parfois même été formés, à Notre-Dame de Paris. C’est un haut-lieu qui rassemble les meilleurs artistes de leur temps. Qu’il s’agisse de Veillot, Robert, Lalouette (un Normand !) ou Cosset, tous y ont exercé un long moment, s’imprégnant de la gravité propre à ce lieu. Se placer dans une telle tradition ancestrale pouvait parfois contraindre l’inventivité des musiciens : ceux qui sont aujourd’hui au programme sont à mon sens ceux qui ont su assimiler tout l’héritage de la cathédrale de Paris en y ajoutant un style très personnel et éminemment créatif.

Sébastien Daucé (c)Pawel Stelmach