MERCREDI 30 JUILLET

(c)-Jean-Baptiste Millot
16H : CONCERT
LA MESSAGère
portrait de la viole française du XVIIe au XXIe siècle
Lucile Boulanger, basse de viole (Victoire de la Musique Classique 2025)
en détail
La viole de gambe est une messagère subtile qui s’adresse à chacun, il n’est pas nécessaire d’être initié pour sentir vibrer, au plus profond de son corps, l’émotion puissante de ses résonances infinies. La preuve : Tous les matins du monde – roman, film et disque – ont réuni des millions de personnes autour de la musique alors inconnue de Monsieur de Sainte-Colombe et de Marin Marais. À mille lieues des paillettes et au plus près du frisson intérieur. Très jeune enfant, Lucile Boulanger était de celles-là, messagère depuis des couleurs en clair-obscur de l’instrument royal du Grand Siècle, dont quelques compositeurs d’aujourd’hui ravivent les lettres de noblesse.
Lieu : Salle des Rosières du Château de Canon, Mézidon-Canon - plus de détails sur le lieu
Plein tarif : 20€
Etudiants et demandeurs d’emploi : 10€.
Jeunes - de 18 ans : 5€
Pass Lucile Boulanger + Correspondances : 50€ / 25€ / 10€
Quand : mercredi 30 juillet à 16h.
15h : Visite guidée du Château de Canon avec la propriétaire du lieu avant le concert.
Tarif : +6€ en complément du billet de concert.
Réservation obligatoire dans la limites des places disponibles.
A voir également le même jour
11H : PETITE PROMENADE - LES MYSTERES DE LA VIOLE DE GAMBE
Lucile Boulanger présente aux enfants l’instrument qui l’accompagne depuis qu’elle est toute petite : la viole de gambe.
19H : ATELIER CHANT
Que vous soyez chanteur novice ou confirmé, venez donner de la voix lors de cet atelier avec Sébastien Daucé et apprenez un extrait des cantates que vous reprendrez en bis du concert !
20H : CONCERT - CANTATES DE JEUNESSE DE BACH
L’Ensemble Correspondances interprète trois cantates écrites par un jeune Johann Sebastian Bach, à l’orée de sa carrière. Des œuvres vibrantes, révélatrices de son génie en devenir, portées par l’énergie et la précision d’un ensemble de référence.

Bienvenue au château de canon
La seigneurie de Canon, propriété d’Eudes de Canon au Moyen Âge, passe par le jeu d’alliances et de successions. En 1727, le protestant Robert de Bérenger fuit le régime et part se réfugier en Angleterre, vendant Canon à vil prix, à un sieur de la Rocque qui construit alors une nouvelle demeure. Jean-Baptiste Elie de Beaumont célèbre défenseur de la cause des protestants, épouse en 1760 Anne-Louise Morin du Mesnil, seule héritière de la famille de Bérenger, et s’intéresse alors en qualité d’avocat aux conditions critiquables de la vente de Canon menée en 1727. Après une très longue procédure, à laquelle s’intéresse de près son ami Voltaire, il gagne le procès et engage alors immédiatement d’immenses travaux (suppression du toit mansardé, édification d’un nouvel étage…). Il commande aux pépinières d’Harcourt les arbres d’essences variées qui orneront le parc, cherchant des contrastes de couleurs en toutes saisons. Il conçoit lui-même les plans des « Chartreuses », ces treize jardins clos de murs et reliés par une enfilade d’ouvertures. Enfin, il créé en 1775 avec son épouse la célèbre « fête des Bonnes Gens », grande célébration de la Vertu, durant laquelle sont couronnés la Bonne Mère, le Bon Vieillard, le Bon chef de Famille et la Rosière, élus au suffrage universel parmi les habitants de Canon, Mézidon et Vieux-Fumé. De nombreux souvenirs de cette fête, qui rassemblait des milliers de personnes chaque année, sont conservés dans les salons du château. Une partie importante des dépendances était consacrée à cette manifestation, par l’aménagement d’une grande salle de théâtre dite « salle des Rosières ». En 1783, Anne-Louise Elie de Beaumont meurt, laissant son époux désespéré. Dès lors, ce dernier ne vient plus guère à Canon et hâte la fin des travaux qu’il finance de plus en plus difficilement. Après avoir écrit « Canon est un cancer qui me ronge » il meurt très endetté en 1786, laissant un fils de 13 ans, Armand, dont le célèbre avocat Target sera le tuteur. Très apprécié dans la région, J.B. Elie de Beaumont évitera au domaine de Canon les désordres de la Révolution. Canon souffrira gravement de la Seconde Guerre mondiale qui verra s’installer au sein même du château un hôpital allemand en juin 1944, puis les troupes d’une division de chars Panzers que les frondaisons des arbres bicentenaires protégeaient efficacement du repérage des avions alliés. Dans le cadre des dommages de guerre, Les Beaux-Arts reconstruiront parfaitement la ferme du Nord victime d’une bombe américaine, mais il n’en sera pas de même pour les autres dépendances qui nécessitent depuis cette époque des restaurations effectuées chaque année. Le parc est dès lors progressivement restauré pour retrouver sa splendeur d'origine. Alors que l’entretien d’un tel domaine constitue déjà une lourde charge, le parc est ravagé par plusieurs tempêtes, en particulier par l’ouragan de 1999. Aujourd'hui toutes les allées ont été entièrement replantées, grâce à l'aide de la French Heritage Society, et le parc a retrouvé son calme et sa beauté. Canon appartient toujours à la même famille depuis sa création. Pour faire face à la gestion complexe d'un tel domaine, la famille s'est organisée en société civile immobilière en 1999. Une gestion familiale participative très originale a alors été mise en place, chacun des membres devant 150 heures de travail par an minimum à la société.
SOCIÉTÉ

A PROPOS DE l'artiste !
Lucile Boulanger débute la viole de gambe à Paris avec Christine Plubeau à l’âge de cinq ans et poursuit ses études auprès d’Ariane Maurette, Jérôme Hantaï et enfin Christophe Coin au CNSMD de Paris. Elle est lauréate de plusieurs prix internationaux (concours Bach-Abel de Köthen, Musica Antiqua de Bruges, Società Umanitaria de Milan…). Très sollicitée en tant que chambriste, elle se produit et enregistre avec Philippe Pierlot et le Ricercar Consort, François Lazarevitch, Pierre Gallon, Justin Taylor, L’Achéron... et rejoint régulièrement de plus grandes formations, dont l'Ensemble Correspondances ou Pygmalion. Par ailleurs, elle se produit très fréquemment en récital à travers l'Europe et enregistre notamment pour les labels harmonia mundi et Alpha. Paru en 2022 chez Alpha, son album pour viole seule consacré à Bach et Abel est généreusement primé (ffff Télérama, Diapason d’or de l'année, Scherzo Excepcionales...) et connaît un vif succès auprès du public. L'année 2022 voit également naître le spectacle Phénix, fruit de sa collaboration avec le chorégraphe hip-hop Mourad Merzouki. En 2023, elle est la première violiste nommée dans la catégorie Soliste Instrumentale aux Victoires de la Musique. Se refusant à ne voir en la viole que le vaisseau d’une tradition esthétique révolue, elle travaille à étoffer et émanciper le répertoire de son instrument, non seulement par la pratique de la transcription mais également par la commande d'œuvres contemporaines. Paru cette année, son dernier album solo La Messagère mèle justement premier baroque français et musique contemporaine : « la viole de gambe semble y représenter un instrument qui n’existait pas ou qui vient d’un autre monde. » (P. Gervasoni, Le Monde)